Le mercredi 8 mars 2006, dans sa chambre au monastère Shaolin, s’est éteint à l’âge de 82 ans le Grand Maître Shi Suxi, guide spirituel du Temple, moine Shaolin de la 30ème génération. Ses derniers mots ont été : « 少 林 是 禅 不 是 拳 ; Shàolín shì Chán, bùshì Quán » (Shaolin est Chan (Philosophie), pas Quan (arts martiaux)).

Shi Suxi entra au monastère en 1934, à l’âge de 10 ans, et fut l’un des derniers moines à être instruit par les Maîtres du XIXe siècle. Son Maître principal, dont il devint Disciple, fut Shi Chenxu (29ème génération Shaolin), Abbé et célèbre combattant, défenseur du monastère et de la population locale, ayant survécu aux affrontements avec les seigneurs de la guerre et à l’incendie de 1928.

Shi Suxi s’appliqua aux études avec une dévotion totale, devenant moine à un jeune âge et plus tard grand expert de Shaolin Wugong, jusqu’à être considéré comme le plus compétent connaisseur et chercheur des disciplines martiales du monastère Shaolin en 1900.

Il vécut certaines des décennies les plus sombres pour Shaolin, caractérisées par la révolution culturelle et la fermeture par le gouvernement. Il fut l’un des rares moines à rester au Temple, désormais en ruines, pendant la période 1950 - 1970, en le défendant vigoureusement, avec la paix mais aussi avec la force, en aidant la population locale pendant de nombreuses périodes difficiles, avec de grands sacrifices et de la charité, en continuant à transmettre les trois trésors de Shaolin (Ch’an, Wugong, médecine traditionnelle) aux quelques élèves de l’époque, même en secret.

Avec la renaissance de Shaolin dans les années '70 et '80, Shi Suxi est devenu le guide spirituel du monastère et a formé de nombreux élèves, dont un petit nombre de Disciples de très haut niveau, dont la tâche était et est de préserver la vraie culture traditionnelle de Shaolin dans le nouveau millénaire. Tout d’abord Shi De Yang, son disciple depuis près de 30 ans et pour lui plus qu’un fils.

Au cours des dernières années, Shi Suxi était gravement malade, ce qui limitait ses activités mais pas son engagement, son énergie, son charisme et sa sérénité. Sa disparition laisse un vide énorme dans toute la communauté Shaolin : il nous a peut-être laissé le dernier grand Maître d’une époque révolue.